Solitude, solitaire forcée et confinée
Presse

Prendre conscience que la faim existe quand on est affamée… Prendre conscience qu’on meurt de soif lorsqu’on est assoiffée… Prendre conscience qu’on est seule quand on est confinée … Et décider de se battre contre cette solitude, c’est la grande découverte de Maurine pendant la Covid 19.

AUTEURE : Maurine, 18 ans (Molenbeek)

Voir la réalité, en face

Comme tout le monde, j’ai vécu le confinement durant ces dernières semaines. Et vous savez ce que j’en ai retiré ? Des choses positives évidemment, tout ne peut pas être sombre. Mais malheureusement, le négatif a pris le dessus et de façon importante. Un seul mot décrit tout cela, la solitude. C’est un sentiment qui grandit en moi depuis que je suis toute petite. Quand la vie était active, quand j’allais à l’école, faisais de la danse, sortais avec mes amis,… Tout ça me faisait oublier à quel point je me sentais seule. Je me mentais à moi-même. J’étais persuadée que, puisque je voyais du monde, je n’avais pas le droit de ressentir ce vide. Comme à beaucoup d’entre nous, peut-être, ce confinement m’a fait prendre conscience de ce sentiment, nous nous sommes retrouvés face à nous-même et ça fait peur. Cette solitude je m’y suis habituée, je me suis dit que c’était comme ça et que je ne pouvais rien y faire…

Toujours tout·e seul au monde

Vous savez quoi ? Je commence à comprendre que ce n’est pas normal que moi, et plein d’autres adolescents, en souffrons autant. La plupart souffrent beaucoup trop pour leur âge. Lorsqu’on rencontre une personne, un·e chéri·e, qui nous enlève cette solitude ou du moins la plus grande partie, on a l’impression, enfin, de pouvoir respirer. Une grande bouffée d’air comme on n’en avait plus prise depuis des années. Et je peux vous assurer que si on nous enlève le grand air frais qu’on adorait tant, on retombe dans une solitude sans nom. J’ai fêté mes 18 ans en confinement. Ma journée a été bonne : mes meilleur·es ami·es m’ont appelée, quelques personnes de ma famille sont venues… Je ne peux pas me plaindre. Mais à travers toutes ces personnes que j’aime et qui m’aiment, à travers ce monde et ces montagnes de discussion sur la vie et le reste, je me suis sentie seule. Quand on ferme les yeux pour s’endormir et qu’on repense à tout ce qu’il y a eu de bien en cette belle journée, les derniers moments passés éveillé nous enfoncent dans un vide sans fin, un creux dans notre corps que l’on ressent constamment.

Se battre, maintenant

Ce que je viens de raconter est, exactement, ce dont le confinement m’a fait prendre conscience. J’ai arrêté de me voiler la face, maintenant il ne reste plus qu’à faire face à ce sentiment affreux et à le battre. J’admets que c’est difficile de le faire mais je me dis qu’avoir mal est inévitable mais souffrir n’est qu’une option.

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance.
Image : 愚木混株 Cdd20